« Sur un ton mélo pimenté d’humour »
A Choubra, quartier cosmopolite du Caire, un flic
véreux est amoureux de Nour, sa voisine de palier et
prof d’anglais, qui, elle, en pince pour un fringant
procureur, fiancé à Sylvia, jeune femme dévergondée…
Ah, la chaîne des sentiments !
Comme l’indique le titre de son film, « Le
Chaos », Youssef Chahine va briser cette chaîne en
belle pagaille, pour finalement recoller les morceaux
et composer le puzzle idéal.
S’il nous présente des scènes de danse du ventre, des
buffets gargantuesques, une traversée du Nil en
felouque, bref si tout le folklore cairote est bel et
bien là sur fond d’envolées de violons, le film s’ouvre
sur une manifestation, « Ne vous en prenez pas aux
pauvres », lance une commerçante aux policiers.
Sur un ton mélo pimenté d’humour – le stratagème pour
obtenir les faveurs de Nour relève de la grosse
bouffonnerie –, on est toujours ramené à la réalité, où
l’oppression est le maître mot. C’est là toute la force
du film.
Françoise Delbecq